Naissance d'Elven
Vendredi 18 décembre 2015, 4h30, je me réveille à demi après 2 contractions avec la sensation de perdre les eaux.
Je cours aux toilettes et me prends les pieds dans la gamelle en inox de Rouky, notre Papychien, réveillant mon mari au passage. Je lui explique la situation depuis la salle de bain attenante à notre chambre.
Finalement, c'est juste le bouchon muqueux. Je me recouche et dis à Dom « C'est pas plus mal que ce ne soit pas la poche des eaux, c'est a priori mieux quand ça perce plus tard dans le travail » et, alors que je venais de prononcer cette phrase, je sens un gros « ploc » dans mon ventre ! Bon, cette fois-ci, c'est bien la poche des eaux !
Je retourne aux toilettes en 3 secondes. C'est bien rompu, plus aucun doute. Les contractions arrivent au passage. Courtes mais fréquentes.
5h du matin, j'appelle S., la sage-femme, pour lui annoncer que le travail a commencé. Elle me demande comment est le liquide. Transparent et légèrement rosé. RASTVB. Elle me demande de la rappeler dès que je veux qu'elle vienne et/ou dès que j'ai une question...
Je raccroche, les contractions se poursuivent et s'intensifient aussitôt : toutes les minutes directement. Départ sur les chapeaux de roue. Elles sont assez courtes, peut-être 30 sec mais reviennent vraiment vite. Pour le moment, je suis bien sur les WC, alors j'y reste. Quand cela commence à être plus difficile, Dom me fait couler un bain et je m'y plonge avec délice. Spontanément, je me mets à vocaliser et à me balancer pendant les contractions. Ça fait du bien, ça ouvre. Je parle à notre petit garçon, l'invite à descendre... Je reste peut-être une heure et demi à 2 heures dans le bain avec ces contractions très rapprochées. Dom est présent juste comme il faut. Toutes les 15 minutes, il rallume la chromothérapie de la baignoire qui s'éteint automatiquement. Ensuite, je demande à Dom d'appeler S. Elle a une bonne heure de route et je préfèrerais l'avoir auprès de moi au cas où cela continue à ce rythme-là.
D'un coup, j'ai trop chaud et à nouveau le besoin de m'installer sur les toilettes. J'ai aussi besoin de vomir, Dom me ramène une bassine. Puis je lui demande de préparer un matelas dans le salon, au pied du feu de cheminée. Mais il y a trop de lumière avec nos lampes habituelles alors je réclame des bougies. Heureusement que mon Dom est là pour tout gérer !
Je vocalise de plus en plus fort des longs « aaaaa », ce qui finit par réveiller l'amie que nous logeons en ce moment. Elle s'éclipse, ma maman va l'accueillir, comme prévu.
J'ai envie d'un jus d'orange frais, Dom s'exécute. Je bois, ça fait un bien fou. Une minute après, je vomis tout mais ce n'est pas grave...Puis S. arrive. Les contractions sont sympas, elles s'espacent de quelques minutes juste le temps que je lui explique comment ça se passe, puis ça repart. Dom reste auprès de moi, il s'occupe de remettre du bois dans la cheminée. S. s'installe juste à côté, dans le hamac.
À un moment, Dom me glisse à l'oreille « tu es belle » puis « je t'aime ». Ça me donne beaucoup d'énergie. Je plane complètement avec mes « aaaaaa » bien gutturaux et mes « viens mon bonhomme »...
Puis les contractions changent de nature. Ça devient plus difficile car la douleur se focalise dans le dos, de plus en plus et de plus en plus fort. C'est beaucoup plus compliqué pour moi à accompagner. Les vocalises et les balancements ne suffisent plus. Je sens que je fatigue. Mais, comme mon corps reste malgré tout sympa, il trouve une alternative et les contractions s'espacent, j'ai même une pause pendant laquelle je peux dormir puis ça revient de plus belle.
S. me demande si un bain me tenterait. Ça me branche, Dom gère, une fois de plus. Le temps que la baignoire se remplit, je retourne sur les WC qui me donnent une position assez « confortable ».
Dans le bain, Dom me passe le jet chaud dans le bas du dos. Ça fait du bien. Ça s'espace à nouveau, je me rendors.
Puis ça revient, plus fort et plus fréquent. S me propose de pousser pour voir si cela me soulage. En effet, ça fait du bien. Mes vocalises deviennent plus des cris et je dois crier très fort car je vois bien que Dom s'inquiète et à mal aux oreilles. S le rassure.
Après un moment, j'ai besoin de sortir du bain et de retourner sur les toilettes. Je m'y balance, et pousse pendant les contractions. La position est la plus supportable pour le moment.
Après un long moment passé sur les WC ou debout à me tenir au meuble de salle de bain ou accroupie sur le tapis, j'ai envie de m'installer dans la chambre, au pied du lit, sur un matelas.
Dans le salon, il y a trop de lumière, je préfère rester dans la pénombre. Dom prépare tout, à nouveau.Les contractions restent localisées dans le dos. Le col est difficile à passer. S me propose de regarder s'il y a des tensions qu'elle peut faire passer grâce à sa formation en biokinérgie. Les manipulations du périnée pendant les contractions, ce n'est pas agréable du tout, mais c'est efficace !
La zone détendue, j'essaie un peu le ballon avec S derrière moi qui me maintient. Elle doit être crevée de me tenir ainsi ! Ça m'aide un moment mais je fatigue.
Ça dure, ça dure, toujours très fort et dans le dos. La phase de désespérance arrive, je n'en peux plus. Je suis fatiguée, les douleurs dans le dos sont vraiment intenses. Heureusement que S me masse le bas du dos, ça m'aide énormément. Accroupie ou à genoux sur le matelas, accoudée sur le lit, je fais une misère à mon coussin d'allaitement. Le pauvre !
À un moment, je n'en peux tellement plus que je me mets à crier « putain de bordel de merde on va le passer ce col fait chier » (ou un truc du genre). Pour l'élégance, on repassera mais niveau efficacité, c'est le top. La contraction suivante et P'tit Machin s'engage ! Le plus dur est passé. Les contractions ne sont plus aussi fortes dans le dos et reviennent plus devant.
Il ne reste plus que le périnée à passer. Mais toujours aucune poussée réflexe. Je dois m'obliger à pousser sur les contractions. Le petit bonhomme commence son yoyo. Je sens que nous y sommes presque. Dom a choisi un petit bonnet en prévision de l'arrivée. Ça lui semble très long malgré tout, pendant que je suis toujours accroupie au pied du lit sur le matelas, il navigue entre la chambre et la cuisine, prend un en-cas, se décide à passer un petit coup de balai... Et c'est à ce moment que notre petit bonhomme parvient à sortir sa tête.
Je sens son petit nez sous ma main, du côté du pubis. Ça brûle un peu au passage, c'est impressionnant, mais ça va. Dom arrive au moment où le corps suit dans la même contraction.
Je suis mi-accroupie, mi à genoux au pied de mon lit, sur un matelas, dans notre chambre, il est 15h10, vendredi 18 décembre 2015 et Elven vient de naître.
Ses poumons se mettent en marche dans un petit bruit et je le prends contre mon ventre. Il est tout chaud, tout humide, et tout endormi. « On a réussi, on a réussi ! ». Il reste quelques minutes endormi puis se réveille, pleure un tout petit peu et ouvre ses grands yeux curieux sur le monde. Il est magnifique. Dom pleure, je suis remplie de joie et d'amour.
Impossible de l'embrasser pour le moment, le cordon est extrêmement court. C'est sûrement la raison pour laquelle il n'a pas pu pivoter malgré tous nos balancements et ce pourquoi j'ai eu les contractions dans le dos et une naissance en OS (présentation occipito-sacré dit aussi les yeux regardant les étoiles).
Nous souhaitons malgré tout attendre la sortie du placenta avant de couper le cordon. Après avoir passé un petit moment juste là, à profiter, nous arrivons à rejoindre le lit maladroitement. Et nous profitons encore les uns des autres.
Le placenta finit par sortir. Il est tout complet. Tout est parfait. Dom coupe le cordon.
S. vérifie que tout va bien pour Elven, elle s'occupe de lui juste contre moi, sans séparation. Elle le pèse ensuite dans son peson-hamac tout chaud. 3Kg320 d'amour.
Il n'y a plus qu'à profiter maintenant !
Petit bonus :
15h, Françoise, notre voisine, rentre du travail et s'étonne de voir les chevaux et le lama alignés devant la clôture, le regard concentré vers notre maison. Elven est en train de naître ! <3