Naissance à domicile en Italie de Raphaël
- Marie
- 18 juin 2016
- 8 min de lecture

Naissance (AAD) de Raphaël le 7 septembre 2010 à Milan (Italie)
Les sages-femmes qui ont suivi cette naissance et tout la grossesse sont rattachées à la Casa di Maternità « La Via Lattea » (Maison de naissance « La Voie Lactée ») à Milan, où nous habitions à ce moment là.
Lundi 30 Août 2010 -
Nous rentrons de vacances en France et arrivons donc de Marçon (72) tôt le matin. Ces dernières semaines, Bébé s’est beaucoup manifesté, et les contractions ont été nombreuses. Même si nous étions relax, ayant projeté de rentrer chez nous 1 semaine avant le terme, nous avons tout de même décidé de ne pas attendre plus longtemps loin de la maison et des sages-femmes, et de prendre la route dimanche soir pour rentrer chez nous à Milan, en Italie.
Nous nous préparons pour ces dix derniers jours avant le terme, peut-être plus, peut-être moins…
Mardi matin, je vais faire les dernières analyses de sang… J’appelle aussi la Casa di Maternità pour leur dire que nous sommes rentrés, afin qu’on prenne rendez-vous pour la dernière visite à la maison. A ma grande déception, elles ne viendront que vendredi !! Dans mon impatience, j’espérais qu’elles viennent dès le lendemain !
Il fait chaud, le temps paraît long, nous sommes impatients et ne savons quoi faire pour nous occuper…
Je nettoie l’appart de fond en comble, y compris les vitres, pour essayer de faire avancer les choses, et puis je me dis qu’il ne faut pas que je mette la pression à Bébé, qu’il vient quand il veut.
Nous nous mettons enfin en recherche d’un appartement à Gènes pour un emménagement dans un mois à peine, Jean-Baptiste commençant son boulot début octobre... Il faudra aussi qu’on se mette à faire des cartons…
Vendredi arrive enfin, on papote, et les sages-femmes déposent leurs sacs avec les affaires dont elles auront besoin quand Bébé décidera de pointer son nez. 1ère « visite » comme elles disent (toucher vaginal) Le col est mou, mais rien n’a commencé… Ca peut arriver demain, mais ca peut arriver aussi dans une semaine… ou deux ! Il nous faut être patients.
Notre recherche d’appart avance, nous allons en visiter 4 ou 5 mardi prochain. Nous passons un week-end tranquille.
J’ai toujours du mal à m’endormir le soir… Bébé profite de ces derniers moments de calme pour faire la java dans mon ventre. Je passe mes insomnies en buvant du lait, en lisant et en jouant au Boggle sur l’Iphone…
Mardi 7 septembre -
5h00 : je ne dors plus… j’ai comme une intuition. 5h20, je vais boire de l’eau dans la salle de bain… et tout d’un coup j’ai l’impression de m’être fait pipi dessus… mais non, l’odeur est très douce, j’ai perdu les eaux ! Je mets quelques minutes à réaliser et puis je vais réveiller Jean-Baptiste.
J’ai tellement attendu ce moment, que je trouve ca trop beau pour être vrai. Du coup, au lieu de lui dire que j’ai perdu les eaux je lui dis « Je crois que j’ai perdu les eaux… je ne suis pas sûre… enfin si, je ne vois pas ce que ca peut être d’autre… »
On ne réalise pas très bien…
Au bout de quelques minutes, Jean-Baptiste appelle notre sage-femme « principale » Eleonora pour lui dire. La pauvre, on la réveille… Elle nous dit qu’il faut attendre.
Evidemment impossible de se rendormir ! Les contractions s’intensifient, mais je n’ai pas encore mal.
Vers 7h00 nous prenons un petit-déjeuner puis Jean-Baptiste rappelle Eleonora.
« Il faut attendre, on se tient au courant. » Pfff… Je voudrais bien pouvoir faire quelque chose pour le voir vite ce petit bébé !!
J’ai envie de me mettre sur le canapé, Jean-Baptiste installe une bâche sur le tapis du salon, met un peu de musique classique et suspend un vieux drap à la porte vitrée du balcon, pour nous abriter des regards sans avoir à baisser le rideau en fer et ne plus avoir de lumière du jour.
Il pleut des cordes et fait frais comparé à ces derniers jours chauds et moites… C’est un temps pour rester au chaud chez soi… ca tombe bien.
Je m’installe donc sur le canapé, et Jean-Baptiste se recouche pour essayer de redormir un peu.
Je m’assoupis entre les contractions.
Vers 9h00 Eleonora rappelle pour savoir comment ça évolue… pas grand-chose puisque j’arrive même a dormir un peu !
Elle demande à Jean-Baptiste d’aller acheter de l’huile de ricin pour moi pour faire avancer les choses un peu… En effet comme la poche des eaux est rompue, il faut que le travail avance… On ne peut attendre que 12h à 15h après avoir perdu les eaux, après c’est plus prudent d’aller à l’hôpital car il y a un risque d’infection.
J’avale donc un peu d’huile de ricin dans un verre de jus de fruit, c’est vraiment infâme ! En attendant que l’huile fasse son effet, Jean-Baptiste va chercher les résultats des analyses à l’hôpital.
L’huile fait son effet, pas de doute. Les contractions augmentent de façon significative. La douleur commence à me prendre de l’intérieur. Je m’enferme dans la salle de bain. Jean-Baptiste rentre avec les résultats qui disent évidemment que tout est ok.
Je ressors et bouge encore un peu, je m’accroche au cou de Jean-Baptiste, il me masse le bas du dos de temps en temps. Ca me soulage un peu. Les contractions deviennent de plus en plus fortes, de plus en plus rapprochées… Je me demande où ca va s’arrêter ! Mais pour l’instant, ca va. Ca fait mal mais ca va. Et puis Bébé remue régulièrement, il va bien lui aussi.
Jean-Baptiste rappelle Eleonora pour lui dire que l’huile fait de l’effet, que les contractions se sont rapprochées et s’intensifient. Il s’occupe de chronométrer… moi je n’y arrive plus.
Les contractions s’intensifient, je commence à émettre des sons quand elles arrivent, des « oooooooh» très graves, ça me soulage un peu. J’ai maintenant du mal à bouger pendant les contractions. Je reste donc longtemps dans la même position sans pouvoir me lever.
Je n’ai plus aucune notion du temps qui passe. ça commence à faire sérieusement mal. Je ferme maintenant les yeux pendant les contractions, je continue à émettre cette note qui me soulage et me permet de me concentrer dessus quand vient la douleur. Je pense à Bébé qui est en train de travailler lui aussi, de s’engager sur son chemin.
Jean-Baptiste annule les rendez-vous de visite d’appart qu’on avait pour aujourd’hui, et essaye de s’occuper, je ne sais plus trop ce qu’il fait. J’ai éteint la musique depuis un moment, ça faisait trop de bruit, ça me gênait.
Il tient régulièrement Eleonora au courant, toutes les heures je pense.
Vers midi elle demande si on veut qu’elle vienne…
Dans ma tête : je n’en sais rien moi ! C’est elle qui doit savoir ça, non ?
A Jean-Baptiste : « oui, peut-être, non je ne sais pas, si ok maintenant… Demande lui ce qu’on peut faire pour la douleur, si je ne peux pas prendre quelque chose en attendant.»
Sa réponse : « il faut qu’il naisse ce bébé pour soulager ta douleur ! » Ok. Super.
Les contractions ne font qu’augmenter en puissance. Je me dis à chaque fois que ca ne peut pas faire plus mal que ça, mais si… A chaque fois ça fait un peu plus mal.
Heureusement j’ai le temps de récupérer entre chaque, ça va. Parfois Jean-Baptiste me masse le bas du dos, quand je lui fais signe. Il faut que ce soit juste quand je le lui demande, sinon je ne supporte pas qu’il me touche, c’est très bizarre.
Je me dis aussi que je ne supporterai pas plus cette douleur… mais si, je supporte ! Je suis en admiration de mon corps, de moi-même… C’est assez marrant comme sentiment il n’est pas fréquent chez moi !
Je vomis, ça c’est l’huile de ricin… Je suis fatiguée, je tremble, j’ai du mal à tenir sur mes jambes.
Eleonora arrive vers 13h je crois. Elle est douce, ca me fait du bien de la voir. Le col est effacé, mais pas encore ouvert. Le plus dur est fait apparemment. Quand je lui dis que ça fait mal, elle me dit que c’est le max là, que ça n’augmentera pas plus. Cool me dis-je. Mais le temps passe et je me dis « Tu parles ! C’est pour me donner du courage qu’elle m’a dit ça… Aïe, aïe, aïe !»
Je m’allonge sur le canapé, sur le côté. Elle fait « ooooooooh» avec moi en me regardant dans les yeux quand je pars dans les aigus à cause de la douleur. Ca m’aide bien ca…
Je me concentre sur ce qu’elle fait, sa respiration et la note qu’elle émet.
De temps en temps je me souviens qu’on est à la maison, j’aperçois Jean-Baptiste qui lit une BD dans le fauteuil. Parfois il émet lui aussi le son avec nous. Je me demande s’il a déjeuné ?
Les contractions sont toujours plus fortes et plus longues, mais j’arrive à m’assoupir entre.
15h : Eleonora et Jean-Baptiste insistent pour que j’avale quelque chose… Aucune envie. Jean-Baptiste me tend des tartines au miel, mais je prends mon temps pour les attraper, j’attends qu’Elé insiste vraiment ! Je me sens comme une petite fille, c’est marrant
15h30 : deuxième « visite », Bébé est descendu, et le col est dilaté, il arrive !! Elé appelle Ilaria et Sara qui doivent venir pour la naissance et les soins qui suivent.
Je m’enferme dans les toilettes, sur le siège je suis beaucoup mieux… mais j’ai trop envie de pousser ! C’est fou, je ne contrôle presque pas cette envie, mais Elé me dit d’attendre, que c’est encore trop tôt, qu’il faut que je laisse Bébé faire son chemin et que je ne le force pas. Elle me dit de me mettre à 4 pattes, que ça appuiera moins et que j’aurai moins envie de pousser dans cette position.
Je me mets donc à 4 pattes, mais je suis trop mal dans la salle de bain, sur le carrelage (quoique j’ai chaud donc ça fait du bien quand même).
16h00 : Direction le salon, je m’installe à genoux par terre, les bras sur le canapé, la tête reposée. La tête apparaît déjà me disent-ils.
Et moi j’attends, je pousse quand je sens que Bébé pousse aussi. Et ça duuuuuuure. Je le sens qui arrive, qui arrive, qui arrive et pfuiiiiiit, il retourne à l’intérieur. Et ça dure comme ça pendant presque 30min!
J’entends vaguement qu’Ilaria et Sara sont là… je suis ailleurs, je suis avec Bébé qui me fait languir. Je suis impatiente !! Mais quand est-ce qu’il arrive ! Je tapote des doigts d’agacement sur le canapé quand je le sens qui repart dans mon ventre.
Finalement voilà la tête, et 2 poussées après Bébé est parmi nous. Il est 17h02 paraît-il. C’est un garçon me dit son papa, tout fier. Il ne dit pas un mot et nous regarde les yeux grand ouverts.
On pleure tous les deux, tout émus. Quelle merveille ! Il est si petit, si fin, si délicat !
Les sages-femmes se cachent dans la cuisine quelques minutes pour nous laisser goûter ce moment en famille. Je le prends dans mes bras, contre mon ventre.
Puis le placenta sort, et on l’installe dans une serviette au fond d’un saladier pour l’instant. On voudrait attendre pour le couper.
Les filles préparent ensuite le canapé pour me faire un nouveau « lit », elles mettent un drap propre et m’aident à m’y installer et je prends notre petit garçon contre moi, il nous regarde avec ses grands yeux. Qu’il est beau !
Blotti contre sa maman dans une serviette chauffée au four, il nous fait déjà rire en nous arrosant d’un petit pipi ni vu ni connu, l’air de rien !
Bébé est pesé et mesuré tout en douceur, puis Jean-Baptiste s’occupe de lui mettre une couche et de lui enfiler un body, un bonnet et des chaussettes.
Et il revient se blottir contre moi. Rapidement il a l’air de chercher quelque chose. Il attrape mon sein, le perd, le reprend, c’est trop mignon. Je l’aide, toute attendrie.
On boit du champagne, et moi j’ai droit à un immense plat de pâtes, j’ai trop faim !
On ne sait pas trop encore comment on va l’appeler, on hésite entre 3. Pendant 1 ou 2 heures il s’appelle Benjamin, mais finalement, non, c’est Raphaël qui est né !
Quelle joie d’être chez soi ! Tranquille, avec des sages-femmes que l’on aime beaucoup, et surtout, de se retrouver tous les 3 une fois qu’elles nous ont quitté.
C’est notre nouvelle vie qui commence.
Marie