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Mon AVAC à domicile




Le 12 octobre 2017, je donnais naissance à Reem à la maison, dans la piscine au salon....entourée du père de ma fille; mon pilier, de ma sage-femme et de ma meilleure amie. J'étais capable, j'étais fière, j'avais réussi. Je pouvais et mon corps était fort, puissant!!!


Ce projet à été un long processus et une longue préparation. En effet, je ne correspondais pas aux critères exemplaires pour une naissance à domicile. Lors de ma 3ème grossesse, où le projet d'accouchement à domicile était déjà un souhait, mon bébé s'était positionné en siège. J'avais donc cherché une maternité acceptant de tenter le voie basse (assez rare en Suisse en 2014) mais ce projet s'était soldé en césarienne. J'avais donc ce handicap qu'est, un utérus cicatriciel lorsque l'on désire absolument avoir une naissance physiologique.


Durant 2 ans, je me suis informée. J'ai beaucoup lu, je suis allée sur le site césarine.com, où j'ai pu lire toutes les études concernant la volonté d'un voie basse après césarienne, avec les diverses statistiques, les études concernant la mesure utérine etc... J'étais donc sûre de moi quand j'ai alors demandé à ma sage-femme si elle était ok de me suivre dans ce projet. Si cette femme ne me suivait pas, j'avais peu de chance de trouver quelqu'un d'autre dans ma région car les sages-femmes pratiquant le domicile sont rares, mais celles en accord pour suivre un projet d'AVAC le sont encore plus. Les téméraires ne courent pas les rues. Les sages-femmes traditionnelles non plus. Mais je savais que je tenais une perle et je ne me suis pas trompée.


En janvier 2017, j'apprends alors ma grossesse. Je mets toutes mes chances de mon côtés pour que ce projet aboutisse. Je renforce mon utérus à coup de tisanes multiples, je masse quotidiennement la cicatrice, pratique l'ostéopathie de façon très régulière, l'acuponcture lorsque j'en ressens le besoin....


Bref, après 36 semaines de grossesse, commence une série de faux travail. Des fausses alertes, des fausses joies, systématiquement tous les 2-3jours. Je dors de moins en moins, mon corps se fatigue petit à petit. Je crois que je bloque psychologiquement la naissance.... Je deviens frustrée comme un enfant à qui on donnerait un cadeau , qu'on laisserait déballer un peu et qu'on retirerait ensuite. Hors de question de subir cela! Je me mets alors à faire de la kinésiologie, de l'acuponcture, des massages, de l'EPRTH, .....les faux-travails s'arrêtent un temps, puis reviennent de façon moins soutenus et plus espacés....


Mais le 11 octobre, à 38 sa de grossesse, j'ai un pressentiment, je sens que cela va se passer bientôt. Un téléphone avec une maman ayant vécu un AVAC à dom, m'a fait beaucoup de bien. Des mots qui résonnent en moi, me rassurent et agissent je le sens sur mon mental. Puis, un grand besoin de me retrouver avec l'homme, nous décidons de faire une mini ascension d'un sommet de la région. Au retour, je suspecte une légère fissure.....mais pas plus certaine que cela. Le soir, je ressens le besoin de sortir de chez moi, d'aller marcher, je me dirige sur un chemin où en haut de la colline, m'accueille madame la lune. Elle est énorme de cet endroit-ci. C'est impressionnant! Je ressens comme un lien qui l'uni à moi.... comme si un contrat se passait avec mon bébé. Je redescends chez moi apaisée.... je sais que c'est pour bientôt cette fois. A mon retour, je me couche.


A 3h du matin 2 énormes contractions me réveillent. A ce moment là, je sais. C'est pour aujourd'hui! Je le sais. Je réveille l'homme et lui demande d'annuler ses rdv de la journée. J'appelle ma meilleure amie qui doit être présente à l'enfantement, et lui dit de venir gentiment. Je n'ai eu que 2 contractions isolées mais je sais que c'est pour aujourd'hui. Habitant à 1h de route sur un trajet très fortement fréquenté le matin, je préfère qu'elle soit là plus tôt que trop tard.


A 6h, C ma meilleure amie arrive. Il n'y a pas grand chose qui se passe de mon côté..... A dire vrai, il y n'y a pas encore de contractions régulières.....1 par-ci 1 par là, qui ressemblent au faux travail....Je commence à douter de moi. Est-ce que je ne me suis pas trompée et que j'ai fais venir C pour rien et fait annuler les rdv à mon chéri pour rien? Puis, toutes les 20 min, arrivent enfin des contractions....qui m'annoncent un pré-travail. C et P me massent à tour de rôle. C prend déjà qq photos, on prépare un feu, on allume les bougies, on prépare la tisane d'accouchement.....On rempli tranquillement la piscine.....


A 9h j'appelle ma sage-femme pour l'avertir que "je pense" que c'est pour aujourd'hui. Mais les contractions sont toutes les 10-7 min, c'est pas encore le moment mais je sais que c'est un pré-travail et non un faux travail. M, me dit alors venir dans 1h30. A partir du moment où je raccroche le téléphone, les contractions se rapprochent au 7 min cette fois. A 11h M arrive, les contractions se sont régularisées et intensifiées au 5 minutes mais je sais que c'est pas assez fort pour être en travail. Je l'espère mais je doute fortement.



M fait un touché vaginal, je suis à 2cm. En effet ça démarre mais pas encore en travail. Pendant 2h nous allons prendre des positions de suspension entre elle et mon chéri afin d' aider bb a appuyer sur le col. ça fait plus mal mais c'est pas suffisant et je le sais. Je sens aussi que je me fatigue. Ces 3 sem de faux travail m'ont plus fatiguée que prévu. Marre de ressentir ces contractions et que cela n'agissent pas. M examine à nouveau et aucun changement.... la poche des eaux bombe, il reste un bout de col.... Elle me propose de rompre la poche afin que cela démarre. J'accepte car je ne vais pas rester ainsi indéfiniment. Je sais aussi qu'une fois rompue, les contractions devraient vraiment devenir difficiles mais tant pis.



A 13h, M me rompt la poche. Et quasiment instantanément les contractions cette fois s'établissent très rapprochées et très intenses. On y est, cette fois le travail est lancé.... j'entre dans la piscine, je ressors, j'entre à nouveau.....impossible de me sentir bien nulle part et dans n'importe quelle position. Ce fichu col me fait tellement mal..... L'eau atténue un peu je décide donc de rester dedans. Mon chéri ne me quitte pas. Il m'enlace, me veille, me caresse. M non plus, elle est là, et masse mes reins, me caresse....me parle.....Je sens la peur m'envahir gentiment...je n'arrive pas concevoir la descente de mon bébé. Le passage..... Je n'ai comme plus envie qu'elle sorte. Je veux rester dans les bras de mon chéri aussi, être comme nous sommes maintenant dans cette piscine, et rester les 2, in love pour toujours. Etre son unique petit bout de femme...ne pas perdre ma place. Mais c'est trop tard je dois bien l'admettre. Je regarde la montre, il est 15h. Je déprime.C'est très long dans cet état. Ce fichu col me massacre. Je me sens devenir un peu folle, je tourne dans tous les sens. Je suis piégée par mon corps. Ce bébé va devoir passer ici et je ne veux pas. Je ressens un léger poids dans mes fesses. Comment est-ce possible? Je n'ai pas d'envie de pousser et mon col me fait toujours mal. Je dois me tromper....Et puis, on passe pas de 2 à la poussée en 2h sans avoir l'envie de pousser. Je me raccroche à ce que je connais le mieux. Le monde et protocole hospitalier.... ce n'est pas possible. Ce n'est pas le moment. M m'encourage a essayer de pousser mais je refuse. je ne veux pas avoir encore plus mal. Et j'ai peur.

Je veux en soi accoucher c'est certain et en même temps pas. M, me connaît bien et comprends directe mon blocage et le verbalise. Elle me demande si j'ai peur d'abîmer mon périnée avec l'expulsion. Ce n'est que grâce à ces mots que j'admets alors réellement ma peur. Oui, j'ai peur du passage, j'ai peur de déchirer à nouveau. Aucun de mes enfants n'a passé sans episio. Dont ma 1ère, 40 points! Ils avaient fait fort. Un vrai traumatisme qui m'avait même valu un trouble obsessionnel du comportement pendant 2 ans. Ce trauma, il était là devant moi. J'arrive le comprendre, j'arrive le verbaliser mais la peur reste. J'arrive pas m'en débarrasser. Je ne veux et ne peux pas pousser. Je suis bloquée. Je ne sais comment sortir de cette situation. Je tourne dans cette baignoire comme un lion en cage.


Les contractions s'intensifient encore.... je commence à perdre vraiment pieds. Cela me ramène à mes connaissances. Je me demande si je suis en désespérance? Si je le suis, je suis à la fin...mais je ne veux pas être à la fin!! Je ne veux pas pousser. P me caresse, essaie de me rassurer, me rappelle mon projet, ma force, il me dit des mots d'amour qui résonnent encore dans mon âme. Mais à ce moment là, ils ne sont pas suffisant. M me refait me mettre en suspension, je sens que cela descend.... mais je bloque, je ne peux rien faire. M et C décident de nous laisser un moment seuls et sortent de la maison.


P et moi restons dans la baignoire mais de voir M partir, la douleur se ressent encore plus forte! Je parle alors transfert avec P. Je fais mon scénario si on décide d'aller à l'hôpital....en faisant le scénario, je me rends compte que celui-ci est bancal. Je sais en réalité que je suis prête à expulser mon bébé....il naîtrait en voiture ou à l'hôpital mais sans péridurale .....Ridicule de se déplacer! Voir impossible!

M et C reviennent. Discrètement, pendant qu'elles sont à la cuisine, j'essaie de faire une poussée pour voir si M à bien raison, voir si je suis en phase expulsive malgré que je n'ai pas d'envie de pousser, et tjs mal au col. Je fais une poussée légère. Et je pense à ma cicatrice de la césarienne. J'ai peur qu'elle lâche.... je me rends compte que je sens la tête pas loin de l'anus. Mon bébé est là. M avait raison. Je comprends à ce moment là que je ne veux pas pousser afin que mon corps le fasse le plus naturellement possible afin de ne pas trop solliciter ma cicatrice. Pour la préserver. Eviter qu'elle lâche. Du coup, j'essaie une poussée plus forte. ça fait extrêmement mal mais je sens que ma cicatrice ne me tire pas, ou ne me fait absolument pas mal. Je me souviens des paroles de M concernant la douleur de la rupture utérine et je n'ai absolument rien de tout cela.


M arrive et me parle des possibilités qui s'ouvrent à moi. Rester ici oui, si évolution de mon état mais sinon partir. Se donner encore un temps et choisir. D'entendre M me dire tout ça, me fiche une belle claque. Comment j'ai pu me laisser aller ainsi dans mes peurs et mes anciens traumas?? M qui me faisait tant confiance.... je sens que je la perd. Si avec elle je n'arrive pas mettre au monde chez moi, je n'y arriverai avec personne d'autre. Il est 16h. Je lui confirme que je reste ici. Elle blague en disant que ce bébé ne naîtra pas à l'heure de son frère, il est16h10 et c'est l'heure de naissance de mon 3ème enfant.... Evidemment que non! On est loin de sa naissance voyons! Mais bon, je dois me bouger à présent.... j'ai testé de petites poussées et je sais que bb est là, autant y aller à présent. Il est 16h15 je regarde l'horloge et me décide de pousser.... Mon corps ne m'indique toujours pas que je dois pousser. Je ne sens toujours pas bébé. J'ai toujours mal au col....mais tant pis, faut y aller... Je vais aller la chercher.


Je pousse, je sens mon périnée se gonfler. Je dit que la tête est là à M. P qui était sorti un moment de la baignoire, entre dans l'eau à nouveau, assez rapidement. Il se met à mes côtés. Je pousse encore, je deviens un animal, je fais des sons glutureux. Je sens la tête de mon bb, elle est énorme mais elle arrive.....Je retiens mon périnée en le massant vers l'anus et retiens comme je peux la tête vers le clitoris dont j'ai l'impression, qui se déchire sous mes mains. Je crie d'ailleurs.... la douleur est si présente.Je hurle... M retire une circulaire du cordon. Je me retourne sur le dos, tête de ma fille dehors. dans l'eau. Je reprends mon souffle. Je n'ai plus de contractions. J'attends patiemment et pousse à nouveau pour tester. M voit qqch qui l'inquiète, elle me demande de me retourner et de vraiment pousser pour que bb sorte. (Petite brassière du cordon vers le bras l'a inquiétée mais rapidement elle s'est rendue compte que notre fille allait bien). A 4 pattes, j' agrippe notre fille, et la fait remonter doucement à la surface. Je prends le temps de l'admirer....mais mon cerveau est un peu embrumé. Il est 16h22. Je sens P juste à mes côtés, totalement en train d'observer en silence. Je la sort de l'eau, notre fille est blanche! Couverte d'un épais vernix.... Je l'amène à moi....elle est là, je l'ai fait. Elle pousse son premier cri. Je regarde C, un échange de regard puissant en 1 seconde. On s'est comprise. Elle se met à pleurer.

On se pose contre la baignoire et on admire notre merveille. La délivrance s'est faite aussi simplement que rapidement. Max 10 min après la naissance. Nous avons pris le temps de donner la 1ère tétée dans le bain. Reem est restée accrochée à son placenta le temps que celui-ci cesse de battre certes, mais aussi le temps que nous honorions cette partie d'elle avec une photo où elle y est reliée. M et P ont également fait une empreinte du placenta....



Nous avons pris le temps de faire les 1ers soins de notre fille dans le respect, la douceur. Pour ma part, je n'ai eu que 2 éraillures vers le clitoris, mon périnée est lui intacte. Une telle émotion de le savoir bien sachant que cette peur d'abîmer mon périnée m'avait bloquée autant de temps dans cette naissance! Cette 4ème naissance a été rude...une traversée du feu comme je l'ai assez vite dit. Une purification intense de tous mes traumas. Une belle leçon de vie sur ce que je pensais savoir. Un soutien profond de ma meilleure amie. Présente mais discrète qui nous a fait des photos et films incroyables de ce jour incroyable. L'amour inconditionnel que j'éprouve pour l'homme qui accompagne ma vie, Il a été mon pilier. Sans lui, je sais que je n'aurai pas pu vivre ce moment. Une admiration incroyable sur les connaissances de la physiologie qu'a ma sage-femme. Un profond respect pour elle d'avoir osé me faire confiance et permis de vivre mon rêve. Eternellement reconnaissante..... J'ai pansé ma césarienne, cette fois je tourne la page. Mon utérus à fait ses preuves. Vive la vie!

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