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Mon voyage à domicile


Avec A, on s’est toujours impliqué naturellement dans la passion de l’autre. Cela avant même de prendre le risque de la passion Amoureuse.

A. s’était déjà risquée à ma propre passion : Si l’Autre le fait c’est que, malgré que pour certains cela paraisse fou, inconscient, inutile ou même absurde, cela se justifie finalement !

Le rêve de mon Âme-soeur est devenu le mien et d’ailleurs j’y crois même plus qu’elle ! Probablement + facile sans souffrance, sans piques hormonales, sans connaissance, sans traumatismes, sans conscience mais avec cette naïveté masculine ? Peut-Être… Mois après mois, semaine après semaines, le jour-J du décollage se précise. Les autres disent que c’est magique, que c’est le plus beau voyage et la plus belle rencontre. Ils me disent de tenir le coup, de ne pas craquer ou de tomber dans les pommes. Etant sensible à la vision du sang, je crains de ne pas supporter mais pas au point de ne pas tenter l’expérience et je suis 100% prêt à surmonter cela. A. guidée par la peur, est certaine que je serai absent. Comme cela fut le cas, pour des raisons professionnelles, à plusieurs moments durant la grossesse où elle aurait eu vraiment besoin de ma présence pour la rassurer. Mais je serai bien là ! Pour elle, pour moi et pour nous ! Je voyage avec passion pour le plaisir de la découverte. Je fais ma valise la veille ou le jour même du départ et je vais où mon instinct me guide. Mais cette fois-ci, pour me préparer à ce voyage particulier, j’ai changé mes habitudes : J’ai suivi un cours de préparation à la naissance et j’ai même lu un guide !! Je l’ai fait par recommandation et probablement pour me donner bonne conscience au cas ou…. Ma passion m’a appris qu’avoir confiance suffit. Mon instinct m’a toujours bien guidé, à rester sur le bon chemin quitte à prendre subitement des virages serrés. Surtout, j’ai la Foi. Je pressens le bien à en oublier mes peurs. J’y crois à en chasser le mauvais oeil. Cette Foi est + forte que moi, infaillible comme divine mais sans être religieuse. Parfois je me demande si elle n’est pas naïve et puérile ?! Si elle ne cacherait pas en réalité une peur de l’échec ?! Jusqu’à présent ça n’a jamais failli car j’ai eu à croire en moi et moi seul ! Il s’agit maintenant de passer au niveau supérieur et de croire en l’Autre. Heureusement pas n’importe lequel : A. l’Autre moi, que j’ai choisie pour ces précieuses valeurs et ses nombreuses qualités.

Mercredi 11 octobre, nous sommes allés nous promener tranquillement à la montagne. Sur le chemin du retour A. a des sensations étranges et des craintes l’envahissent. Je m’en veux un peu car c’est moi qui a eu l’idée de cette marche. J’abandonne rapidement l’idée de la laisser seule pour mes occupations professionnelles. Comme c’est son 4eme enfant, A. a déjà une grande expérience mais c’est à double tranchant ! La conscience peut être son ennemi et on le sait déjà : elle va devoir affronter ce par quoi elle est déjà passée. On s’endort tranquillement vers 1h du matin le jeudi 12 octobre. A. me réveille 2 heures après, sûre d'elle : “C’est pour aujourd’hui ! ” . J’annule alors tous mes rdv de la journée. Sa meilleure amie C. qui a prévu d’assister à l'accouchement arrive vers 6h. Je suis soulagé de me sentir accompagner à soutenir A. dans cette épreuve. D'autant que C. la connait depuis bien + longtemps que moi. On s’alterne pour masser le bassin d’A pendant ses contractions. Le temps s’écoule évidemment + vite pour moi que pour A. Vers 10h je suis à nouveau soulagé de recevoir chez nous la sage femme M. avec tout son savoir-faire et ses connaissances médicales. L’équipe est au complet et le cercle est intime ! Je remplis la piscine d’eau chaude, fais du feu et m’occupe à faire quelques photos. Je trouve aisément ma place mais comme c’était le cas depuis le début. Je me sens impuissant et démuni face à la douleur de ma bien Aimée. Le fait de sentir qu’il s’agit probablement d’une dernière fois me permet de soulager la souffrance que je ressens à travers elle. Je suis mon instinct et cela fonctionne bien. Je ne sens pas la pression, aucun risque de montée d’adrénaline. Les contractions deviennent de + en + fortes. A. fait des allers-retours entre le lit et la piscine qui la soulage. A. affirme qu’elle apprécie ma présence avec elle dans l’eau, elle est même indispensable selon elle. J’ai le souvenir d’avoir oppressé A. le temps d’un instant. Elle l’a exprimé clairement et sèchement comme à son habitude. Du coup, je n’ai pas eu de mal à prendre sur moi sans avoir besoin de justifier mon geste. En revanche, un peu plus tard A. remet en question ma méthode de réchauffement de la piscine. En effet, pour que l’eau de la piscine reste à bonne température (c’est à dire chaud pour elle) il faut la vider et la re-remplir.

Elle prit peur en la voyant à 3/4 vide. Je vois par son ton de voix que A. devenait agressive comme un animal en souffrance. Cette fois, je justifie mon geste en précisant sur un ton serviable, calme et certain que je fais de mon mieux pour assurer la bonne température de l’eau. Ma réponse ou sa douleur lui fait passer à autre chose. A certains moments de répit, elle exprime sa douleur et la compare. Elle dit notamment que si elle y arrive, c’est un peu comme remporter les jeux olympiques.

Le temps passe mais pas la douleur. Tellement qu’ A. perd espoir. M. propose de la laisser avec moi un instant. Je n’ai pas un bon souvenir de ce moment. J’ai l’impression d’agacer A. quoi que je dise quoi que je fasse et de finalement, ne pouvoir être que maladroit. Je lui amène un mantra ou elle avait inscrit « mon courage est + fort que ma peur ». Malheureusement ce n’est pas un argument suffisant.

C et M reviennent et tant mieux. Je suis debout dans la piscine quand A. me demande sèchement soit de me réinstaller assis soit de sortir de la piscine. Même si je ne suis pas certain que la 2ème option soit ce qu'elle désire, c’était mon choix. Le fait qu’elle me propose de sortir me donne en quelque sorte la possibilité de le faire. Je choisis de m’allonger sur le lit pendant que C. et M prennent le relai. Cela me fait du bien de prendre du recul mais des doutes planent au-dessus de ma tête. Je commence à douter à mon tour. A et M parlent d’hôpital et de péridurale. Je n’arrive pas m’imaginer cette possibilité. A envisager cette voie. Est-ce par peur ? L’hopital est en fait le moins bon scénario encore supportable ! Ou bien est-ce par conviction car je veux ce qu’il y a de mieux pour l’arrivé au monde de ma fille et aussi bien sûr pour que sa mère puisse enfin avoir l’accouchement dont elle rêve : Son but ultime ! Celui que chaque passionné convoite : la 1ère place du podium pour le sportif, le lieu saint pour le pèlerin, La grosse pépite pour le mineur, le sommet pour l’alpiniste, le graal pour le pieu , New York pour le graffeur !

Je sais que tout se passe comme prévu car tout s’est mis en place pour accomplir notre objectif : Aucune complication / suffisamment de liquide amniotique / bébé s’est mis en bonne position / le timing est ok. etc... Bref, on est béni !!! Il ne restait plus qu’a le faire ! Facile à dire pour moi et ma peur des piqures de moustiques. A distance, j’observe le comportement de mon tendre animal. Un regarde vide, comme shootée par la douleur ou plutôt par l’ocytocine. J’ai lu que cette étape est nécessaire pour accepter la douleur. Dans un sens cela me rassure. Alyson commence a pousser, à crier de plus en plus fort. En fait c’est rassurant pour les 3 spectateurs que nous sommes.

Je repense alors à mon dernier voyage où j’ai atteins mon objectif alors qu’il n’y avait quasiment plus d’espoir d’y arriver.J'avais trop attendu. Finalement j’ai su profiter du meilleur moment, j’ai senti que c’était le moment ou jamais d’y aller. J’aime cette idée que la détermination ouvre les portes et non l’inverse.

Là, tout va très vite, A. sent la tête du bébé et moi je plonge dans la piscine mais pas la tête la première comme le bébé. Je sens que ma présence est utile voir nécessaire. Cela renforce ma motivation. Elan qui fut vite calmé lorsque face à A. les jambes écartées, la sage-femme me demande si je suis prêt à réceptionner bébé. D’un coup, j’imagine mon rôle de gardien de but, ce qui est loin d’être acquis pour moi et mon habilité au football. Je me suis surpris à m’imaginer une seconde pouvoir le faire. Mais cela avant que A pose son veto et me mette sur la touche, en se justifiant un peu gênée que ce n’était pas contre moi mais qu’elle craignait que je lâche le bébé dans l’eau. Un peu vexé mais pas trop, je retourne donc tranquillement à mon rôle premier de supporter investi. La tête est dehors, c’est impressionnant ! La sage femme s’agite, le stress ou l’excitation se fait ressentir. J’ai peur une seconde que le bébé n’aille pas plus loin et qu’il faille transporter A. à l’hôpital dans cette configuration. Cette peur ne durera que quelques secondes, le temps pour M. de plonger habillement ses doigts pour libérer la tête du cordon enroulé autour du cou de bébé et pour A. d’expulser le reste du bébé. Elle m’avait prévenu qu’il risquait être recouvert de vernix alors je ne suis pas surpris de voir le bébé dans un tel état. A. prend le bébé contre elle. Petit pique d’adrénaline quand elle demande “il ne respire pas?” qui retomba 1 seconde plus tard avec le premier cris de ma progéniture.


Reem découvre celle qui lui à donné la vie et moi-même successivement avec ses petits yeux en amande grands ouverts. C’était le réconfort après l’effort et pour moi, le meilleure moment. Les seules paroles que j’ai dites de mémoire sont; bonjour et bienvenue à ma fille. Et, bravo à sa maman. Je suis très fier d’elles ! J'ai gardé mon sang froid et ma confiance n’a été affectée que succinctement par l’influence des autres. Même lors de la sortie sanguine du placenta, je suis resté dans la piscine. Je me surprends moi-même ! Je comprends que tout, comme les cris de la douleur, c'est plus facile à supporter lorsque les maux sont “de raisons naturelles”. Cela dit j’ai quand même laissé à C. le plaisir de porter le bol contenant le placenta. Puis j’ai pris le temps de prendre des photos HD de ma fille et de son placenta encore attachés ensemble avant de couper le cordon moi-même (cerise sur le gâteau). Puis, j'ai pu porter ma fille contre moi, après que notre Sage-femme l’ait essuyée. C’est ainsi que j'ai ressenti le bonheur tant attendu et éprouvé par ceux qui sont passés par là.

L’espoir fait vivre et l’espoir nous a permis de donner la vie à Reem dans les meilleures conditions possibles, c'est-à-dire, tout naturellement ! Tout semble si facile et si évident une fois accompli !



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