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Baisse ta pincette

Aujourd’hui, je veux te parler du système de comportement. Mon article risque d’ébranler certains de tes axes, croyances voir même déconstruire un système auquel tu crois et utilises dans ta pratique. Je te souhaite vraiment d’ouvrir ton coeur et percevoir ma réflexion autour du sujet.


Aussi loin que je me souvienne de ma scolarité chaotique, il n’apparaît pas de couleurs, de points ou de notations chiffrées lié à mon comportement au travers de mes souvenirs. Ni d’ailleurs en traces dans mes carnets (nos agendas actuels faisant le lien avec la famille: oui je les ai encore). Et Dieu soit loué pour moi!



Je me souviens par ailleurs, l’avoir découvert lors de mon premier stage au cours de ma formation d’enseignante. Je relis mon journal de bord et je constate combien ce système m’avait déjà étonnée mais je n’avais pas les outils suffisants à cette époque pour élaborer davantage ma réflexion.


Chemin faisant, le système de comportement fait partie de toutes les classes auprès desquelles je travaille. Je perdure alors sa pratique pendant 5 ans simplement par effet de transmission.


Bon, je reviens à la source.

Le système de comportement est un moyen de réguler le comportement des élèves en classe. Il y a un haut et un bas. Un très bon et un très mauvais. Il y a des nuances et parfois pas tant. L’enfant est positionné en début de semaine en haut ou en bas, et descend ou monte selon ses actions en classe. A la fin de la semaine, le comportement est relayé dans l’agenda scolaire au moyen d’une couleur, d’un smiley, d’une note chiffrée (et j’en passe….l’enseignant-e est fort créatif-ve).


Le système de comportement doit être entré dans les classes ces 20-25 dernières années j’imagine. Et je ne sais pas d’où il vient à l’origine. Mais cela ne m’étonnerait pas d’un pays sous dictature qui valorise ses citoyens par une échelle de points cumulés.


Au départ, j’imagine bien que l’intention était bonne. Elle l’est toujours n’est-ce pas?

Le but premier étant un outil de formation pour l’enfant afin de l’aider à la rétrospection et donc à réguler son comportement. Néanmoins pour accéder à cette option, l’enfant doit être mis en situation de méta-cognition sur ses actes.

Pourtant, on entend plutôt des « Baisse ta pincette » qu‘un échange avec l’enfant. « Je t’arrête là. Pourquoi?…. Effectivement tu ne respectes pas cette règle de vie »

ET BIM y’aura le fameux: « descend ta pincette ».


Il n’y a alors pas « Comment peux-tu faire pour améliorer ce comportement? » puisque le système est là pour sanctionner l’erreur de l’enfant. On a beau dire, « Au début, je sanctionne pas ». Tu finis par sanctionner. Comme si, le comportement devait être un acquis rapide voir immédiat. L’enfant étant simplement dressé à correspondre au cadre attendu. Sans forcément lui donner de vrais outils pour le faire.


Le système de comportement est même devenu au fil des ans, une aide à la gestion de classe pour l’enseignant-e afin de rendre un climat de travail propice aux apprentissages. C’est le moyen de pression qu’on utilise pour palier à son manque d’autorité ou simplement son manque de transmission du sens de la motivation du vouloir apprendre dans de bonnes conditions.



On se rend vite compte si notre système de comportement se tient aux règles de vie ou si cela s’étend finalement à «  avoir mis le prénom sur la fiche, oublier de mettre ses pantoufles, trop lent-e à se préparer ou pire….à faire son travail….. » parce que tu n’as pas ou plus les outils pour gérer ça autrement.


Nous sommes dans une ère de compréhension de l’enfant. Jamais les parents n’ont tant voulu comprendre le développement neuro-psy-moteur de leur enfant. Ils lisent beaucoup, prennent des cours, suivent des formations, partagent et échangent sur des groupes Facebook à travers le monde entier.

Il est temps que cette volonté s’étende au corps enseignant.


Il est temps d’arrêter de faire perdurer des pratiques traditionnelles (tel que la façon de transmettre du vocabulaire par exemple mais j’écrirai un autre article bientôt) que d’utiliser des moyens destructeurs pour obtenir facilement un résultat visible.

(Cela va du système de comportement, à la transmission de la compréhension de l’addition dans les petites sections par exemple).


Tu vas sans doute te dire que j’exagère?! Pourtant regarde par toi-même, le système de comportement est le système de comparaison voir de hiérarchisation pour tes élèves. Il crée une compétition implicite. Il est le moyen qui génère un stress chez la majorité de tes élèves. Il façonne la vision que l’enfant a de lui-même. Il contribue à la perte de confiance en soi. Il crée potentiellement le mal-être de décevoir ses parents ou de ne pas supporter sa propre image face à ceux qu’il aime.

Ce système peut potentiellement détruire aussi tout le travail d’éducation de certains parents autour de la motivation et de la gentillesse intrinsèque.


Sais-tu quoi? J’ai été de cette enseignante là. J’ai utilisé pendant plusieurs années ce système. Je sais combien il est rassurant. Je sais combien on peut penser que sans ça

« c’est pas possible ». Je sais combien on peut se persuader que c’est positif pour l’enfant.


Lors de mon virage pédagogique, il était absolument nécessaire de faire le retrait de cet outil. Et en fait, cela ne change rien à ma gestion de classe. Il n’y a pas besoin de jouer avec la peur et la menace pour obtenir un comportement satisfaisant des élèves. Tu n’es plus là comme référent-e de la sanction à venir.

Tu deviens un facilitateur/facilitatrice des apprentissages certes mais tu deviens une béquille sur laquelle l’enfant sait qu’il peut s’appuyer pour évoluer, grandir et mûrir. Il sait qu’il a le droit à l’erreur. Il sait qu’il est humain. Il sait aussi que tu en fais. Certains enfants se mettent déjà tant de pression à ne pas correspondre à tes attentes. Je t’assure, tu gagnes à les apaiser, les rendre plus confiants que stressés ou inquiets.


L’enfant est capable d’utiliser sa volonté intrinsèque de vouloir bien faire. D’être motivé-e à travailler pour lui/elle. Et non pour l’enseignant-e.

Que son comportement lui plaise et ne plaise pas forcément aux autres tout en respectant évidemment les règles d’un cadre agréable au travail.


Tu as été formé-e pour poser les bonnes questions aux élèves. Et si nous changions de facette du prisme?

Et si tu enseignais aux enfants à se/te poser des grandes questions?

Et si tu t’offrais l’occasion de te poser ainsi les bonnes questions mais à toi-même?


Cadeau de soi, pour soi et de soi aux autres….


Avec amour…. <3<3

Aly




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